Laïcité à deux vitesses et islamophobie

Communiqué de Sud Étudiant
Jeudi 22 août 2013 — Dernier ajout mercredi 21 août 2013

Le Haut commissariat à l’intégration s’apprêterait à publier un rapport préconisant douze propositions parmi lesquelles l’adoption d’une loi interdisant « dans les salles de cours, lieux et situations d’enseignement et de recherche des établissements publics d’enseignement supérieur, les signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse ». La Fédération Solidaires Étudiant-e-s, syndicats de luttes, tient à souligner l’hypocrisie d’une telle proposition, car si la volonté du Haut conseil à l’intégration consistait à faire appliquer strictement la loi portant séparation des Églises et de l’État, dite Loi de 1905, il s’attaquerait aux subventions accordées à des établissements privés confessionnels ou à des associations finançant de tels établissements.

Laïcité à deux vitesses et islamophobie, au tour de l’Enseignement Supérieur ? Selon le journal Le Monde, le Haut commissariat à l’intégration s’apprêterait à publier un rapport préconisant douze propositions parmi lesquelles l’adoption d’une loi interdisant "dans les salles de cours, lieux et situations d’enseignement et de recherche des établissements publics d’enseignement supérieur, les signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse".

Avec une telle proposition visant directement le port du voile, c’est une fois de plus la politique du bouc émissaire qui est mise en place pour masquer les problèmes réels que rencontre l’enseignement supérieur et que sont le désengagement financier de l’État de l’enseignement supérieur, la recrudescence de la sélection sociale entraînant la fin de la démocratisation de l’enseignement supérieur ainsi que la présence accrue d’intérêts privés dans les conseils décisionnels des établissements d’enseignement supérieur que nous dénonçons depuis un moment déjà.

Jamais la présence d’étudiantes voilées n’a perturbé la tenue d’un cours ou influencé le contenu de l’enseignement dispensé. Cette possible proposition de loi relève non seulement d’un racisme avançant à visage couvert mais elle serait de plus une attaque visant directement les femmes de confession musulmane et relève donc d’un sexisme à caractère paternaliste qui viserait à « libérer » les femmes d’une oppression dont elles n’auraient pas conscience.

La Fédération Solidaires Étudiant-e-s, syndicats de luttes, tient à souligner l’hypocrisie d’une telle proposition, car si la volonté du Haut conseil à l’intégration consistait à faire appliquer strictement la loi portant séparation des Églises et de l’État, dite Loi de 1905, il s’attaquerait aux subventions accordées à des établissements privés confessionnels ou à des associations finançant de tels établissements. On pourrait par exemple citer les 8 millions d’euros accordés à divers titres en 2011 à l’Association des évêques fondateurs de l’Institut catholique ou encore les 7 millions d’euros accordés à l’Association Institut catholique de Lille la même année. Le Haut conseil à l’intégration aurait également pu conseiller l’abrogation du décret entérinant l’accord entre la République française et le Vatican sur la reconnaissance des grades et diplômes catholiques dans l’enseignement supérieur signé en 2008. De plus une ambiguïté inquiétante présente dans ce rapport pourrait tendre, sous prétexte de laïcité, à réduire la liberté d’expression dans l’enseignement supérieur. Ainsi propose-t-il de condamner la "contestation" ou la "récusation" d’un enseignement, mesure non spécifique à la religion semble-t-il.

La Fédération Solidaires Étudiant-e-s, syndicats de luttes, s’oppose donc fermement à la mise en place stigmatisante et islamophobe de l’interdiction du voile à l’université. Seul l’arrêt total des subventions nationales et locales aux instituts, écoles et associations confessionnelles relèverait d’une réelle volonté d’appliquer une laïcité stricte.

L’argent public doit aller à l’enseignement public pour un enseignement gratuit, laïc et critique !

Contacts de la fédération : 06 86 80 24 45

le 9 août

Voir en ligne : Source : Sud Étudiant

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