« Rythmes scolaires » : l’application confirme les craintes !

Sundep Sud-Est
Dimanche 3 février 2013 — Dernier ajout lundi 4 février 2013

Le décret du 24 janvier 2013 relatif à l’« organisation du temps scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires » vient de paraître.

Le site du Sundep Sud-Est publie une analyse de Sud Éducation Loire sur l’application envisagée par la ville de St Etienne dans l’application de la réforme des rythmes éducatifs.

Les constats du Sundep :

  • C’est bien la seule mairie qui décide, les enseignants, parents voire l’administration sont réduits à la portion congrue : ils ne sont que « consultés » dans un deuxième temps. C’est donc un changement majeur qui se met en place dans l’organisation de l’école qui, ainsi, devient à gestion largement décentralisée. Avec des risques d’inégalité sur le territoire, de tutelle municipale qui peut poser des problèmes selon les orientations politiques des maires, lesquels n’étaient jusque là décideurs que sur les cantines… (avec les excès qu’on peut constater régulièrement).
  • Les journées des élèves vont s’allonger : à St Etienne, l’intervention municipale pendant le temps de midi (que beaucoup d’élèves en demi-pension subiront) ne raccourcit pas la journée, et les « garderies » de fin de journée pour les parents qui travaillent vont aboutir à des journées à rallonge. Les enfants n’auront plus le mercredi matin pour se reposer.
  • La « qualité » des temps d’« activités pédagogiques complémentaires » ou du périscolaire n’est pas garantie : pour la mairie, les APC seraient principalement encadrées par les enseignants (à 80% comme pour les études ?). Ceux-ci n’auront pas forcément les moyens d’y mener des actions innovantes car le relèvement des seuils d’encadrement (de 10 à 14 enfants par adulte pour les moins de 6 ans, et de 14 à 18 pour les plus de 6 ans) risque de les conduire à se limiter à des activités proches de leurs cours.
    Les autres « animateurs municipaux » feront-ils l’objet d’un recrutement spécifique, ou n’auront-ils d’autre choix que de faire de la garderie par manque de compétence ?
    Par ailleurs, la mairie choisit de désormais faire payer l’accueil périscolaire (au delà de 16 h 30) alors qu’il était jusque là gratuit.
  • Les conditions de travail des enseignants vont se dégrader : temps de travail réellement plus long, plus de frais de transport et de garde d’enfants, des APC qui s’annoncent comme des temps au rabais qu’il faudrait cependant assumer.
  • La réforme sera appliquée au privé sous contrat : le décret ne prévoit aucune dérogation, et le ministre Peillon l’a confirmé le 28 janvier. Nous revendiquons qu’elle soit mise en œuvre de la même façon que dans le public… ce qui nous permettra d’agir ensemble pour changer le dispositif !

Dès le 31 janvier, le combat commence pour que le ministère entende enfin la voix des enseignants qui, eux, défendent la qualité du système éducatif pour un enseignement vraiment égalitaire et émancipateur.

Analyse par Sud Éducation Loire du dispositif prévu par la mairie de St Etienne

Présentation lors de la commission extra municipale

Sur les différentes propositions avancées par la mairie, une semblerait avoir leur faveur :

  • Classe tous les jours de 8 h 30 à 11 h 30, puis de 14 h 15 à 16 h 30.
    Le temps « Peillon » aurait lieu tous les jours de 13 h 30 à 14 h 15, ce qui remplace les études en modifiant le contenu aussi, mais toujours payé par la mairie. Ce temps « Peillon » est facultatif pour les élèves.
  • Les APC (activités pédagogiques complémentaires, assimilables à l’aide personnalisée) se dérouleraient alors, selon des premiers échanges entre la mairie et le DASEN, de 11 h 30 à 12 h deux fois par semaine. Après 16 h 30, accueil péri-scolaire en grande partie payant pour les familles.

Dans ce cas là, cours le mercredi de 8 h 30 à 11 h 30. Variante possible sur le mercredi : cours de 8 h 30 à 12 h. Dans ce cas, un des jours de la semaine aurait cette configuration : 8 h 30-11 h 30, temps « Peillon » de 13 h 30 à 14 h 45 puis classe de 14 h 45 à 16 h 30. Les autres jours restent inchangés (8 h 30 - 11 h 30 et 14 h 15-16 h 30).

La mairie présentera ses propositions aux directeurs/trices des écoles ce vendredi soir, puis aux parents d’élèves élu-e-s le vendredi prochain. Elle les envoie aussi aux écoles pour avoir leur avis lors des prochains conseils d’école. La mairie prendra sa décision en mars.

Commentaires et analyses de SUD Éducation sur les propositions de la mairie de Saint Etienne

  • Sans les enseignants la mairie est en incapacité de mettre en œuvre le projet Peillon pour cette année car elle ne pourra pas recruter d’autres intervenants (80 % des enseignants stéphanois font les études).
  • Le scénario envisagé par la mairie amène la même amplitude pour les élèves ; avec une pause méridienne rallongée, et avec le mercredi rajouté, il ne va pas permettre un temps de repos indispensable aux enfants.
  • Le temps de classe de l’après midi (2 h 15) rend difficile l’articulation cours/récréation. De plus, le nombre d’adultes qui pourraient intervenir sur cette demi-journée peut être élevé.
  • Pour les maternelles, l’arrivée possible d’élèves à 14 h 15 posera problème pour la gestion de la couchette car des élèves y seront déjà présents dès 13 h 30.
  • La gestion des locaux se pose sur le temps « Peillon » de 13 h 30 à 14 h 15 si les enseignants ne le prennent pas en charge, mais aussi sur le premier temps du péri-scolaire.
  • La non gratuité du péri-scolaire de 16 h 30 à 17 h 30 (il était gratuit jusqu’à présent pour les familles) n’est pas acceptable, même s’il sera calculé en fonction du CF de chaque famille.
  • Le rôle des collègues ATSEM n’est pas encore défini.
  • Le taux d’encadrement des temps « Peillon » et du péri-scolaire sera changé de manière défavorable. On passe de 1 pour 10 en maternelle à 1 pour 14 et de 1 pour 14 en élémentaire à 1 pour 18.

SUD Éducation rappelle qu’il est opposé à ce projet car il n’entraîne aucune amélioration des conditions d’enseignement pour les élèves, des conditions de travail et de vie ni des parents, ni des élèves, ni des enseignants.

Les contre-propositions de SUD éducation Loire
Pour les élèves :
  • 5 jours de classe par semaine, d’une durée égale réduite à 4 h 30 par jour, car ce sont des journées réduites et égales qui sont les plus adaptées aux rythmes des enfants/élèves.
  • Une semaine du lundi au vendredi, qui est la moins mauvaise organisation acceptable. Pour les enfants, le plus adapté serait deux jours de repos séparés dans la semaine, et l’école le samedi matin. Mais cela n’est pas acceptable pour les familles (en particulier pour certains parents séparés).
  • Des horaires scolaires de 3 heures le matin et 1 h 30 l’après-midi. Cet équilibre matin/après-midi est adapté aux apprentissages tout en réduisant les horaires quotidiens des enseignant-e-s, leur libérant du temps dans l’après-midi, et leur offrant une meilleure qualité de vie et de travail.
    NB : Une plage aussi réduite l’après-midi se fera sans récréation. Ainsi, les 22 h 30 hebdomadaires de ce projet ne représentent pas moins d’heures de classe effectives que les 24 heures actuelles : on gagne en effet 4 fois le temps de la récréation de l’après-midi et des transitions/reprises, soit facilement 1 h 30.
  • La prise en charge, de droit pour tous les élèves et non obligatoire, par un service périscolaire public gratuit, assuré par des fonctionnaires d’État formé-e-s.

Pour les enseignant-­e-s, un temps hebdomadaire de service de 26 heures :
A. 18 heures en charge de classe soit 4 jours de classe. Cela suppose d’assumer une rupture avec l’idée « 1 enseignant-e = 1 classe », qui est déjà largement de l’ordre du mythe avec les temps partiels et les décharges. Rien n’indique que la présence de deux enseignant-­e-­s par classe soit nuisible aux apprentissages. Les enseignant-­e-s ayant un service fractionné devront avoir un temps de charge de classe réduit.

B. 4 heures 30 pour la formation continue et la gestion de l’école la 5e journée, sans charge de classe : pour des journées de formation continue choisie, pour des journées dans l’école en surnombre et pour la gestion de l’école, dans le cadre d’une « direction » collégiale, partagée.

C. 2 heures 30 par semaine de concertation des équipes d’école (selon l’organisation choisie par l’équipe).

D. 1 heure annualisée (soit 36 heures sur l’année) pour les conseils d’école, les échanges avec les parents, les concertations avec les équipes du périscolaire et les autres relations (collectivités, collège, etc.)

Voir en ligne : Source : Sundep Sud-Est

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