Le projet d’évaluation des enseignants par les chefs d’établissement

Vendredi 25 novembre 2011 — Dernier ajout dimanche 4 décembre 2011

Le 15 novembre dernier, Le Café pédagogique révélait les projets du gouvernement en matière d’évaluation des personnels enseignants, d’éducation et d’orientation que le ministère voudrait imposer dès la rentrée 2012.

« Le projet d’arrêté confie au chef d’établissement dans le secondaire et à l’inspecteur au primaire l’entretien d’évaluation effectué tous les trois ans sur les enseignants. Il porte notamment sur la progression des élèves. » notait Le Café pédagogique.

L’intersyndicale du Second degré dans le Public, ainsi que le SNUipp-FSU pour le Premier degré, ont vivement réagi dans leur communiqué du 17 novembre 2011 : « Sous couvert d’évaluation, c’est une vision du système éducatif fondée sur la performance individuelle que portent ces projets. »

Et c’est bien là la question ; ce projet n’est pas simplement une mesure de plus visant à « réformer » le système éducatif français ; il s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme ayant pour objectif de faire de l’école une entreprise comme les autres.

Pour bien s’en persuader, on lira ou relira l’article de Christian Laval La réforme managériale et sécuritaire de l’école que nous avons déjà publié sur le site national du Sundep ; il montre comment les « processus complexes et souvent contradictoires », les « réformes ponctuelles et successives, dont la cohérence d’ensemble » peut nous échapper, relèvent bien d’un « même logiciel néolibéral qui fonctionne partout, de la maternelle à l’université ».

Il montre aussi comment le néolibéralisme à l’œuvre au sein de l’éducation vise à changer également les comportements, à faire, par exemple, de chaque professeur son propre évaluateur au travers des évaluations des élèves.

L’école-entreprise, tel semble bien être l’objectif des nouveaux réformateurs de l’école à l’ère néolibérale et sécuritaire. Ne serait-il pas temps de faire de l’école une machine « efficace », de la soumettre à la saine pression concurrentielle du marché, à l’évaluation généralisée des résultats, à la surveillance numérique des élèves et des professeurs, au dépistage des comportements anormaux ? L’heure n’est plus à la démocratisation de la culture, elle est à la croissance de la productivité des enseignants et à leur mutation en hommes d’entreprise. La raison ultime de « la réforme de l’école », qui prétend à l’exclusivité, a un nom unique : la performance, le nouveau mantra des « modernisateurs ». L’école est désormais soumise à la logique économique globale de la compétitivité, dans ses fins, dans sa justification politique, dans ses catégories pratiques, dans ses formes d’organisation. Un nouveau mode de gouvernement de l’école s’impose qui touche au cœur du métier enseignant, qui affecte directement les rapports pédagogiques, qui modifie le sens des apprentissages et la nature de l’enseignement. Il est régi par un dispositif de concurrence et de surveillance, gage supposé de performance.

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